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Portrait de Jongiolans : Entretien avec Maurice Chevallier

(Première partie)

 

Je souhaitais vous rendre hommage car vous avez été maire de 1971 à 1992, le seul Jongiolan étant né et habitant encore sur la commune et désormais Maire Honoraire. Il nous a paru (le conseil municipal) très intéressant de revenir sur votre parcours de vie marqué par l’engagement public.

Didier Padey

 

Pouvez-vous nous parler de notre village, et partager quelques anecdotes ?

J’étais jeune pendant la guerre, la vie à Jongieux n’était pas du tout la même que maintenant. Il n’y avait que des agriculteurs qui vivaient de la polyculture. On avait tous 4/5 vaches par famille, un peu de vignes, du maïs… Il serait impossible pour une famille de vivre, à l’époque, rien qu’à Jongieux le Haut il y en avait déjà une dizaine ! Les vignes sont arrivées dans les années 60, quand on est revenus de l’armée, la famille Masson est venue à Jongieux et ils nous ont donné l’idée de planter des vignes. A côté de chez eux, tout était en friche. Henry Masson avec trois de ses fils ont travaillé comme des fous. On s’apercevait bien qu’avec notre polyculture ça ne pouvait pas marcher et on s’est dit qu’on allait planter de la vigne…On pensait qu’on aurait moins de boulot ! En réalité, c’était l’inverse. Nous nous sommes tous lancés dans la vigne. Au début, les négociants nous suppliaient presque de leur vendre du vin : c’était le démarrage des stations de ski, ils cherchaient du vin à tout prix ! Enfin, à l’époque on se donnait la main sur les travaux de la vigne pour les plantations.

Et dans ces années-là, vous êtes devenu maire…

Je suis devenu maire en 1971 : plusieurs personnes m’avaient mis sur la liste, sans m’en informer ! Ma femme était professeure à Yenne, je venais de perdre mon père et j’étais seul sur l’exploitation avec 4 enfants : quand j’ai découvert que j’étais sur la liste, c’était le cadet de mes soucis. Et lors des élections, j’ai récolté le plus de voix ce que je n’avais pas prévu ! Le lendemain soir, l’équipe vient me trouver pour me dire « il faut que tu prennes la mairie ». J’avais été mis sur une liste sans le savoir, et désigné à la mairie sans m’être présenté ! J’ai demandé quelques jours de réflexion, j’en parle avec ma femme qui m’a dit « essaies, tu verras bien ». Et j’y suis allé, en me disant que ça n’allait durer que six ans.

Comment a débuté ce premier mandat ?

On a commencé par l’éclairage public, fait enrober les routes, et on a entretenu les chemins ruraux – on faisait ça entre membres de l’équipe municipale et aussi la couverture de l’église. A de nombreuses réunions du conseil, un conseiller nous disait qu’il fallait construire une salle des fêtes. A l’époque il n’y en avait pas dans le canton, même celle de Yenne est arrivé dans les années 80. J’étais d’accord, mais encore fallait-il trouver un terrain ! Celui de la salle des fêtes actuelle, jusqu’au cimetière appartenait au curé. Quand le père Chanvillard est décédé, personne n’a retrouvé son testament. J’avais souvent la visite de Monsieur Escoffier qui était subdivisionnaire à Yenne, on avait de bonnes relations. Il me demandait à chaque fois si on avait des choses à faire. Un jour, j’étais dans ma cave, et je lui parle du projet de salle des fêtes, et expliqué que l’on avait pas de terrain. Il m’a mis en relation avec son beau-frère qui travaillait à l’enregistrement et qui a beaucoup fait pour permettre l’acquisition de ces terrains. Entre temps, un samedi on était en train de monter un chapiteau en haut de l’église pour faire le bal. Un homme vient me voir et me demande s’il peut me demander un service « Demain, on va faire un rallye- surprise, et me demande s’il peut prendre le départ de Jongieux ». J’étais ravi de faire découvrir Jongieux, j’ai dit oui sans savoir qu’il s’agissait d’un monsieur travaillant au cadastre. Un jour je vais au cadastre à Chambéry, il me reconnaît. Je lui parle du terrain en question et il me promet qu’il essayerait de nous aider ». Peu de temps après, mon téléphone sonne : c’était le secrétaire général de la préfecture qui m’annonce que ces terrains ont été déclarés vacants et sans maître car aucune trace de propriété n’avait été trouvé et donc il revenait de fait à l’Etat. Toutefois, Il ne pouvait pas le transmettre gratuitement, mais nous a proposé le coût le plus bas possible. Le conseil a voté pour, et on a acquis ces terrains. Mon mérite dans cette histoire c’est d’avoir eu de la chance !

Vous êtes devenu président du district (actuelle communauté de commune) en 1983, après deux mandats ?

A l’époque Albert Caron, président du District de Yenne m’avait dit de prendre la commission scolaire, ma femme était professeure : j’ai commencé avec cette responsabilité puis j’ai pris la présidence en 1983. J’en garde un souvenir enrichissant : ça m’a permis de connaître un tas de monde, et des gens que je n’aurais jamais connu par ailleurs. Je me levais à 4 heure du matin pour faire mon travail « officiel », avant d’endosser mes fonctions de viticulteur.

De quoi êtes-vous le plus fier ?

Avec le recul, je suis bien content d’avoir contribué à mon niveau au développement de la commune et du canton. Par exemple, l’adduction d’eau connectée à celle de la communauté de communes de Yenne dans les années 80 car à l’époque, la commune était autonome en eau grâce à des réseaux privés. Le déclenchement a été l’incendie chez François Carrel. Les pompiers ont dû aller chercher l’eau au réservoir de la commune au-dessus de l’église mais cet épisode m’a traumatisé. J’avais fait venir une personne du génie rural à l’époque de Chambéry. Il était en charge de ces sujets d’eau, on avait le tour des possibilités de la commune : sa recommandation était de faire un grand réservoir en bas et de repomper l’eau pour la distribuer. Pour ça faire ça, il fallait supprimer toutes les eaux privées. Cela voulait dire d’annoncer ceux qui étaient allés chercher l’eau à la pioche en 1925 qu’on devait tout arrêter : j’étais persuadé que ça ne marcherait pas. Finalement, on a opté pour se brancher sur le réseau d’adduction du district de Yenne : nous sommes allés la chercher à Saint Paul, mais on s’est branchés au Haut-Somont. A l’époque je connaissais beaucoup de personnes, et ça nous a bien aidé ! C’est une des choses dont je suis le plus fier. Sans ce branchement, il n’y aurait jamais eu les maisons construites aujourd’hui. Et puis aussi, La construction de la salle des fêtes avec le soutien du comité des fêtes qui avaient intégré de nombreux jeunes et la collecte des eaux pluviales de Jongieux le Haut.