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Portrait de Jongiolans : Entretien avec Simon Barlet

 

Course de ski alpinisme mythique s'il en est, la Pierra Menta est reconnue comme la plus dure d'entre toutes. Simon Barlet, vigneron de la commune est aussi un féru de cette discipline, et un sportif de haut de niveau. Fraîchement revenu de sa première "Pierre", l'enfant du pays livre ses impressions à Didier Padey, maire de la commune que le sport et la performance animent au moins autant.

 

Didier Padey : Simon, tu as 28 ans, tu es ingénieur en viticulture et œnologie. Quand est-ce que tu as découvert le ski de randonnée ?

Simon Barlet : C'est mon oncle Noël, qui m'a emmené pour la première fois en 2013. J'avais 17 ans, et je n'avais jamais connu cette émotion, cette intensité dans le sport, dans un cadre naturel et si majestueux. Moi qui ai toujours été un compétiteur : dans les cross, à l’école… dans tout ce que je faisais, j'ai eu envie de faire la Pierre Menta.

J'ai tout de suite pris conscience des étapes à parcourir, et je me suis mis dans les dispositions physiques et mentales pour y arriver. Cela fait donc 10 ans que je me prépare pour cette échéance. Préparation technique d'abord, et quand je me suis senti prêt, je me suis inscrit au club Belle Grimp ski alpinisme à La Rochette, où sont mes origines maternelles.

On était 8 de mon club à faire la Pierra Menta cette année.
Notre charte : interdiction de finir main dans la main avec quiconque. On est réputés pour être très compétiteurs.

Toutes mes compétitions - Coupe de France de ski alpinisme, Championnat de France, courses sur plusieurs jours... avaient un seul but : me préparer à la Pierre Menta, le summum du ski alpinisme, à mes yeux.
La Pierra Menta, c'est la plus dure, la plus engagée, la plus réputée internationalement : c'est le Graal du ski alpinisme.

Quel est le quotidien d'un sportif qui se prépare pendant 10 ans à ce type de course ?

Il faut distinguer la partie purement physique de la connaissance du matériel, et la technicité incroyable que cela implique. Il m'aura fallu 8 ans d'apprentissage : de la montagne d'abord, mais aussi du sport et surtout du matériel.

Avec des montagnes renommées : le sommet de la grande casse, le grand paradis, traversée du massif de la Lauzière, raid à ski sur plusieurs jours... qui m'ont conduit à cette course. Depuis 10 ans, je m'entraine 3 à 4 fois par semaine. L’hiver quand je le peux en ski et l’été en course à pied. Fin d’année 2022 j’ai fêté ma 200ie montée à la charvaz.

Ça s'est intensifié depuis 4 mois, tu peux nous en dire plus ?

Depuis 4 mois, tout a été mis en place avec mes associés et ma famille. Mon objectif était de faire entre 5 000 et 7000 mètres de dénivelé par semaine. Bien sûr, j'ai travaillé la descente : mon point faible, et par tous les temps, et sur tous types de neige.

J'ai travaillé avec mon binôme, Vincent Micheluzzi qui est de Chignin, autre commune vigneronne. Il avait déjà fait deux Pierre Menta, et m'a proposé de la faire ensemble. Il a été mon mentor dans la préparation, surtout pour la partie technique.

On avait des entraînements spécifiques d'intensité, de manipulation du matériel ...

J'ai ponctué la saison avec des échéances à mi-parcours :

  • Les championnats de France dans le Super Dévoluy,
  • Une course qui s'appelle la Belle Etoile dans le massif de Belledonne : course qui se courre par équipe de deux et sur deux jours, qui nous a permis de peaufiner nos réglages,
  • et des manches de coupe de France dans le Beaufortin.

Quelle est ta vitesse en montée ?

Quand je suis en forme, je peux monter à 1 100 mètres à l'heure en ski. En trail je peux même faire plus vite. Lorsque que je ne peux pas partir au ski en semaine, je fais entre 12 et 14h un aller-retour express à la Charvaz depuis la maison. J'ai même battu mon record de montée en février dernier : 33min50 seconde pour faire les 740 m de dénivelé soit 1300m/h de vitesse ascensionnelle !

Comment gères-tu l'alimentation ?

Pour moi c'est primordial, je fonctionne avec 80% de contrôle et 20% de plaisir : légumes, féculents et poisson. J'ai la chance de ne manger que des truites du canton de Yenne pêchées par notre employé. Le matin, je mange du miel de Georges Barlet, apiculteur sur la commune.

Je m'autorise un verre de vin rouge au déjeuner pour les anti-oxydants et le plaisir.

Peux-tu commenter la course en elle-même ?

Arêches Beaufort devient la capitale mondiale du ski alpinisme le temps de cet évènement. Tu vis dans un village en autarcie, au rythme de la Pierre Menta pendant 5 jours. Ce qui me reste de ces 4 jours : où que tu sois, tu as du monde de partout, et la ferveur est exceptionnelle. Un peu à la façon du tour de France.

Et la difficulté : on enchaîne 2500 mètres de dénivelé par jour, à une intensité maximale.

Les journées sont très rythmées : dès qu'on rentre il faut faire sécher le matériel en priorité, avant de manger. On vérifie le matériel, on farte, on s'assure que tout est prêt.

As-tu un regret ?

Aucun, mais ça m'a fait passer 4 mois éprouvants et je ne pourrai pas toujours faire ce type de course. En revanche j'ai fait trop d'entrainement, et trop tôt en décembre.

J'avais accumulé 85 000 mètres de dénivelé au départ de cette course.

comment ta compagne a-t-elle géré cette période d'entraînement ?

Je la remercie de m'avoir soutenu pendant toute cette période. Je pense qu’elle a compris ces 4 derniers mois quand elle est venue me voir. Je remercie aussi ma famille qui m'a mis dans les meilleures conditions possibles.

Qu'as-tu ressenti à l'arrivée ?

A l'arrivée, on a retrouvé des amis. La famille, la mienne, celle de mon co-équipier... J'ai ressenti un immense soulagement.

Toute cette pression - l'entrainement, ne pas se blesser, le matériel - était derrière moi. On en a tous profiter pour fêter ça et célébrer la fin de la Pierre avec un verre de Roussette !

Prochain objectif à la Pierra Menta : d'être dans le top 100. (Didier rajoute : Top 80 ! La suite reste à écrire).

Pour finir la saison, ma prochaine course est la Mezzalama, fin avril dans le Val d'Aoste, une course à trois en haute altitude avec des passages à plus de 4000m dans le massif du Mont-Rose.

Cet été, J'ai prévu une course de montagne de 150 km : l’Echappée Belle. Un parcours exigeant qui traverse en intégralité le massif de Belledonne de Vizille à Aiguebelle avec environ 11300 m de D+ Je veux garder l'envie de courir. Ce ne sont pas les mêmes muscles que ceux utiliser en ski, je veille à ne pas me blesser et m'entraîne aussi sur un home trainer.

 

Conclusion - Didier Padey

Nous sommes heureux que tu représentes un peu la commune au travers de tes performances. Nous sommes très fiers de t’avoir parmi notre équipe du Conseil.
Par ta vitalité et ton art de vivre, tu représentes l’avenir de notre commune avec d’autres et nous en sommes ravis.